Extrait du journal

Peu à peu il se rapprochait, avançant lentement sur une mer calme que ridait à peine la brise et dont, la surface verte et unie oscillait parfois sous une lame de fond. tandis que la vedette de la défense sous-marine, que son commandant mettait gracieusement à la disposition die la nation amie, s’avançait vers le « P res édente- Savmient t o », je remarquais cette pliante mâture qui, déjà, m’avait frappé quand je l’aperçus à l’horizon, je voyais toute cette multitude d’agrès, de cordages, d’échelles, de trisses, de vergues. Un instant s'évoquait le souvenir de notre vieille marine, marine où la voile régnait, où elle produisait ces commandants habiles, surprenant les sec.nets d-u vent, rusant avec la brise, toujours maîtres de leurs vaisseaux. L'âge de la voile fut aussi l’âge de la vieille marine, de celle qui à la fin du avoir siècle faisait déchoir l’Angleterre: de sa souveraineté sur mer, l’âge de la suprématie navale de la France. Et j’étais frappé de constater combien une nation si récemment venue à la vie maritime était pénétrée de l’importance de la voile pour former des manouvriers, des marins habiles à prévoir le temps, capables d’acquérir le sens de la mer. Malgré les cuirassés, malgré les torpilleras, malgré la vapeur, il \ a encore des leçons à prendre pour un marin à manouvrier un voilier ; c’est l’idée, semble-t-il, qu’on peut se faire en regardant le gréement de la frégate-école de la République Argentine, bateau mixte, surtout si l’on considère que ce navire fut construit en 1897....