Extrait du journal

L'homme qui mûrit et prend de l'expérience connaît le prix de la politesse, h sait, il sent que la politesse est sans doute un masque souriant ; mais que, sans un tel masque, la vie de compagnie serait bien vite odieuse et même impossible. Plus encore que la politesse, j'aime ce qu’il faut appeler l’humanité des rapports entre les êtres. Me faut-il donner de ce beau mot d'humanité, une définition pédante ? Certes non. Qui ne le comprend ? Toute mon enfance, toute ma jeunesse demeurant, dans mon souvenir, embaumée par le souffle d'une humanité saine et compatissante. J'ai rencontré des fous, des méchants, des sots ; ils n’ont pas effacé, dans ma mémoire, le sourire fraternel des autres, des innombrables autres, de tous ceux que je croisais, sur la route, et qui me saluaient cordialement, parce que j’étais une créature à leur image, de tous ceux, artisans, ouvriers dont j'admirais l’habileté, la patience au travail et qui levaient un moment les yeux pour m’adresser un honnête et bon sourire, de tous ceux dont j'éprouvais le désir de partager la peine et qui, s'ils apprenaient mes soucis ou mes chagrins, trouvaient tout de suite, au fond de leur âme, une parole de sympathie et de pitié. Frères de* mes jeunes ans. commevous aviez le cœur simple et généreux ! Qu'il était facile de vous atteindre et de vous toucher ! Votre raison, votre bon sens étaient des instruments robustes et nets qui travaillaient avec simplicité pour le plus grand Irieri de l'espèce....