Extrait du journal

Nous avouons qu’il nous serait bien difficile de séparer, quand il s’agit de l’Italie surtout, la question politique de la question financière. En thèse générale, la prospérité d’un pays, l'état plus ou moins satisfaisant du trésor, l’emploi des produits de l’impôt dépendent de la politique du gouvernement et des Chambres. Quelquefois un pays a l’option entre une attitude pacifique et une attitude guerrière ; mais tel n’est pas le cas de l’Italie. Sa situation particulière la condamne à se tenir sur la défensive et à être toujours prête à prendre même l’offensive, si les circonstances l’exigeaient. Cette nation vit d’une vie agitée, songeuse et, pour ainsi dire, incomplète, puisqu’elle attend toujours l’heure de sa constitution définitive et homogène. L’Autriche et .la papauté détiennent les derniers lambeaux de l’ancienne Italie morcelée, et nul ne sait comment s’opérera la cohésion prévue. De là naît pour le gouvernement subalpin la nécessité d’ère armé et d’ère prodigue. Un désarmement ressemblerait, de l’autre côté des Alpes, à une abdication. Il n’y faut pas songer. Or, la conséquence de l’opiniâtreté patriotique des unitaires est précisément le déficit annuel, qui serait plus regrettable s’il n’avait pas son pendant à Vienne et si les embarras financiers de la cour de Rome ne dépassaient pas tout ce qu’il est possible d’imaginer. Voilà trois Etats qui s’endettent ; seulement, l’avenir sourit à l’Italie nouvelle, à ses aspirations démocratiques, à son génie révolutionnaire, tandis que les perspectives ouvertes devant l’Autriche des 1 lapsbourg et la Rome des papes sont assombries et désespérées....