Extrait du journal

Il semble que les Français de tous partis se soient accordés pour être enchantés de la magistrale leçon que le président du Conseil donna récemment au sieur Brizon. Cette fois le maître d'école s'est un peu fâché, cl a montré quelque impatience, sans perdre cependant son inaltérable courtoisie. On aimerait que ces choses fussent dites en termes plus rudes. L'usage exige qu'avec des personnages qualifiés « honorables », à cause de leur mandat certes, plus que . d'euxmêmes, des ménagements oratoires soient gardés. Mais le sens y était, et le public a ajouté mentalement les épithètes méritées. La réplique a produit un effet foudroyant. On lui a fait les honneurs de l'affichage. J'ai parfois pensé, en entendant certaines harangues à la Brizon, qu'il serait utile d'instituer une sorte de « déshonneur de Vaffichage ». Ce qui se fait dans les cercles pour les membres malhonnêtes devrait être fait au Parlement pour tels députés. U faudrait dire au pays : « Voilà ce qu'a osé proférer un homme dans une assemblée législative française. » On a jadis écrit cette phrase délicieuse : « J'entends souvent dire qu'on a récompensé des peintres : je n'entends jamais dire que l'on en ait puni ». Cette réflexion est aussi juste en matière politique....