Extrait du journal

UNH mauvaise nouvelle n'est pas forcément désastreuse : le choc qu'elle cause peut même servir à une excellente réaction. Des mauvaises nouvelles qui s'accumulent tournent évidemment à la catastrophe : avec elles fléchit la volonté et s'épuise la résistance. L'échec anglo-américain sur la côte normande arrive après trop de batailles perdues pour que les Alliés n'en subissent pas une énorme perte de prestige à l'extérieur, un découragement certain chez leurs nationaux. Un journal londonien l’écrit avec lucidité . « L'Anglais est tenace : une défaite, deux, trois, quatre et même cinq défaites ne le démoralisent pas outre mesure. Mais lorsqu'elles se multiplient à l'infini il perd confiance en ses dirigeants. Il se produit en lui une crise nerveuse et nul ne peut prévoir ce qui s’en suivra ». Le journaliste conclut non sans amertume : « Celui qui a la chance d’enregistrer des succès voit ses batteries nerveuses se recharger automagiquement. Il n’a qu’à utiliser raisonnablement ses forces morales pour se tenir dans une forme moyenne qu’on appelle la « constante » et qui est le meilleur soutien de l’homme aux mauvais comme aux bons jours ». Britanniques et NordAméricains commencent à regarder avec des yeux moins aveugles l'échiquier de la guerre. C’est pourquoi ils reculent à l'an prochain, voire à 1944, leurs possibilités optimal de décisive intervention. Pareillement les Bolchevicks, dont la «: savante retraite » ne fait que céder aux Allemands les régions industriel les et agricole** les plus riches ! La force, essentielle des démocraties, c’est-à-dire leur acharnement à combattre, ne suffit pas à les protéger contre les difficultés matérielles. Ces difficultés existent, et le temps ne travaille pas à les résoudre. Il y a la surproduction américaine, mais dans la mesure où les communications de l’Angleterre seront coupées ces ressources n’auront pas de signification. La crise des transports s’aggrave pour la Russie d’une crise de production et les armées soviétiques entre nord et sud risquent d’être coupées. Pour grener la guerre totale les moyens mis en oeuvre doivent être; immenses, à portée immédiate d’utilisation, au service d’une décision rapide et sûre d’elle. « Trop peu et trop tard », telle fut bien en effet la méthode anglaise renouvelée de la fameuse politique « Attendre et voir ». Seulement les conditions étaient autres et le triomphe de la première n’a pa» empêché le naufrage de la seconde....