Extrait du journal

il en résulte que l'émotion est à son comble en Hongrie. Dans ce pays, la situation est tellement trouble que nous ferons bien d'être sur nos gardes. On y parle de la dictature d’un général ; on y parle aussi, et ce serait la seule chose qui pût nous donner confiance, d'une révolution populaire dirigée à la fois contre les militaires et les magnats. Mais, là encore, il s’agit d'être prudents et clairvoyants. C'est le comte Michel Karolyi qui cherche à prendre, aristocrate-démocrate, la direction de ce mouvement populaire. Il a passé sa jeunesse en France ; il est ancien élève d'un lycée parisien ; il a souvent fait profession de francophilie. Mais les dépêches nous disent qu'il cherche une transaction avec- Je comte Aiulrassy : çd n’étonnera point ceux qui savent que celui-ci est le beaupère et celui-là,, le gendre. S'agirait-il de juguler la révolution en famille ? , L'année dernière encore. Aiulrassy écrivait dans son journal : « Nous possédons un droit moral aux.conquêtes et aux indemnités ». Droit moral était exquis, et le comte ajoutait, afin qu’on ne pût s’y tromper : « J’ostimo qu'il est évident que la Serbie ne pourra pas être restaurée dans son ancienne étendue » Et, il y a deux ou trois mois, écartant môme l’idée d’un retour au statua duo, il proclamait la nécessité de • fortifier » la frontière hongroise. .1- Comment cet homme est-il chargé de proposer l’armistice et la paix séparée î 11 fait annoncer par ses journaux qu’il «noue dos relations avec, le gouvernement tctiéco slovaque de Paris ». Pourquoi ne s'adresse-t-il pas au gouvernement national de Prague, [qui est une émanation de celui (le Paris? ÈVoudrait-il brouiller celui-ci avec celui-là T •Et puis, quel est cet armistice, qu'il mélange [habilement, (tout comme les bouches) avec les négociations de paix séparée ? N’est-il pas (chargé, en réalité, par Berlin (dont la hâte U cric.r que tout cela se passe sans son agrément est si grande qu'elle devient suspecte), de refiler cri Allemagne, pendant une suspension d’armes, l’artillerie autrichienne 'dont une partie est déjà devant nous ? puis; en négociant une paix à tout prix neutralisant r Autriche, de couvrir les derrières de germanisa ?...