Extrait du journal

Qu'est-ce donc aujourd'hui qu'un « Munichois » ? Que signifie, au regard des événements actuels, cette expression dont, au reste, je n'ai pas coutume d'user, parce qu'elle me déplaît ? Le « Munichois » est, par définition, l'homme qui approuve l'accord de Munich, qui tout au moins le défend et le justifie, qui juge son exécution favorable à l'intérêt de la France. L'expression ne peut pas signifier autre chose. Alors, dans cet instant précis du temps, le « Munichois » authentique serait l'homme qui exigerait la mise en jeu de la garantie des quatre puissances pour préserver l'intégrité du nouvel Etat tchéco-slovaque, qui rappellerait à l'Allemagne et à l'Italie, leurs engagements, qui, tout au moins, sommerait la Grande-Bretagne et la France de tenir les leurs. Car la Grande-Bretagne et la France sont dûment engagées, et, à moins qu'on se dérobe derrière une- lamentable équivoque — qui viderait d'ailleurs de tout sens les contrats d'assistance mutuelle et de garantie — l'ultimatum fondé sur la menace de la force et appuyé par le déploiement de la force, équivaut à l'agression non provoquée. Mais tout le monde sent bien qu'au contraire si la question lui est ainsi posée, le « Munichois » deviendra aussitôt « anti-Munichois » et ce sont en revanche les « ânti-Munichois » intransigeants qu'on trouverait enclins à réclamer aujourd'hui l'exécution de Munich....