Extrait du journal

ON perdrait son temps à dresser un parallèle entre le « projet de loi adopté par la Chambre des députés complétant et modifiant la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse » et le texte préparé pour la délibération du Sénat jeudi dernier par la Commission de législation civile et criminelle dont M. Maulion a été le rapporteur. On peut dire qu'il n'y a aucun rapport entre l'idée qui a inspiré le premier — quelques retouches de détail qui aient pu y être faites — et les motifs qui animent les auteurs du second. Un grand malentendu, pour ne pas employer d'expressions fortes, amène une partie des sénateurs qu'on n'attendrait pas toujours de ce côté à se faire champions de la « liberté de la presse» comme si elle était menacée ! Le plus curieux, c'est parmi les arguments contre le projet de loi qui tendait : 1° à établir simplement une responsabilité du diffamateur en l'obligeant à faire la preuve de ses dires déshonorants ; 2° à soustraire dans une mesure qui sera toujours insuffisante l'information, et par là-même l'opinion publique, au joug dégradant du capital, de trouver l'appel au régime de « suffrage universel ». On oublie un peu facilement, je ne dirai pas au Sénat, puisque cette « première délibération » n'a pas encore abouti à Vote, mais dans certains clans du Luxembourg, que s'il y a, dans le programme du Rassemblement populaire, un article qui ait reçu la faveur du suffrage universel aux élections de 1936, c'est celui-là. Car, contrairement à ce que quelques-uns insinuent, on n'avait pas attendu pour penser à cet assainissement réclamé par toutes sortes de voix soit certains scandales ayant leur écho à la Bourse, non seulement de Paris, mais de l'étranger, soit l'étreignante émotion causée par les campagnes dont est mort notre Roger Salengro,...