Extrait du journal

a L'homme naît et se développe au sein d'une société, à laquelle il ne peut se soustraire. Il est memnre-né d'une grande association, inui est l'humanité. Le droit de son voisin le limite et l'arrête. Voudrait-il prétendre que ces liens, il ne les a pas acceptés, que le droit de son semblable n'est pas pour lui une règle, qu'il peut pousser jusqu'à ses dernières .conséquences le pouvoir qu'il a sur sa chose ? Mais cette chose elle-même, comment la possède-t-il ? Estce lui seul qui l'a créée ? La condition même de sa possession ou de sa création n'est-elle pas posée: par la société ? Au sein de la société humaine, tout travail n'est-il - point solidaire ? Autant vaudrait dire que Vabeille construit seule l'alvéole où .elle dépose son miel, qu'elle ne doit rien à la société qui a construit la. ruche et à ses voisines qui ont élevé avec elle les parois de sa cellule. Cette valeur, direzvous, je l'ai créée ; je.puis la détruire ou la consommer pour mon usage, sans égard au bien général. - ..Mais l'avezvous créée seul ? Toute la société n'a-t^élle par coopéré à votre oeuvre ? Votre vie, qui vous l'a conservée ? La- culture de votre esprit, à qui la devez-vous ? Et cet apanage d'idées, de science, de découvertes que l'héritage de l'humanité vous a transmis ;tout ce trésor que-les siècles se lèguent l'un à; l'autre en y ajoutant toujours, tout cela est-il votre ouvrage ? Non, l'homme n'est, pas cet être égoïste qu'on voudrait jeter dans la.vie sans aïeux ni frères ! Si un sèin s'offre à lui pour l'a.l[ laiter, si son berceau est entouré de càresses, si les leçons de la sagesse et de la science l'accueillent dès l'enfance, : à qui en doit-il la reconnaissance ? Tout cela ne ! Je constitue-t-il pas débiteur de la société ?? et si plus tard il ne veut vivre que pour lui seul, s'il ne veut consommer que pour ?lui seul ce qu'il a acquis par tous, ne mé.rite-,t-il pas d'être appelé ingrat et impie?...