Extrait du journal

Non, il n'est pas possible que nous soyons .maintenant des adversaires. Nous avons toujours le même idéal social et, séparés aujourd'hui, l'invincible lien que tisse si fortement cet idéal nous réunira demain! Le char de l'Avenir est entre les deux camps séparés et les yeux de toUs les combattants sont fixés sur le même étendard. Ils ne sont pas armés les uns contre les autres, mais contre l'universelle oppression capitaliste qui profite du travail et du talent de tous les prolétaires pour satisfaire les bas instincts et lés besoins d'égoïste domination d'une infâme et coupable minorité. Tous, nous combattons donc les individualités, les collectivités et les gouvernements qui soutiennent et approuvent cette mainmise du Capital sur les plus nobles trésors de la vie et sur la vie des hommes elle-même. Mais si nous luttons sous des livrées différentes, l'esprit demeure le même. Un jour les livrées usées tomberont et nous nous reconnaîtrons tous. Ce jour de sublime reconnaissance sera-t-il tragique ou sera-t-il glorieux ? Qu'importe s'il est le jour de l'universelle solidarité ! vi: , Donc l'invincible lien m'unit toujours à vous et mes mains qui se joignaient aux vôtres dans la lutte ne peuvent esquisser le geste décevant de la séparation irrémédiable. Hier encore vous m'avez dit, vous la dévouée et fidèle secrétaire de Marcel Cachin, oui, vous m'avez dit : u Vous pensez comme pous ! » Et vous, Louise Bodin, alors que je vous écrivais une lettre angoissante sûr mon trouble intérieur, sur mes douloureuses indécisions sur ma répugnance à la dictature sur le prolétariat, vous m'avez répondu que vous compreniez et partagiez mes pensées. Et vous tous, camarades, que j'interrogeais anxieusement, camarades de la Sèine, du Nord et d'autres lieux, vous qui vous déclariez partisans de la III" Internationale, vous finissiez toujours nos ardentes discussions par ces paroles : « Oui, c'est vrai, nous pensons comme vous, mais nous voulons une bonne fois en finir par la manière forte et 'a dictature est nécessaire ! » I...