Extrait du journal

LA presse socialiste a pour devoir de faire la politique de la classe ouvrière ; elle fait marcher le mouvement, mais elle ne marche que par lui. Voilà ce qui distingue un véritable journal de parti des entreprises « journalistiques », qu'elles soient de leur propre aveu de pures feuilles d'information sans couleur ou qu'elles dissimulent leur affaire sous le manteau d'une tendance politique ; la presse d'affaires, fût-ce la plus répandue, jette tout au plus ce qu'elle dit aux lecteurs, le parole de la presse ouvrière patì tout d'abord du coeur des masses. Assurément, nos organes de parti servent à répandre l'idée socialiste, mais avant tout ils sont le portevoix du vouloir et de l'intérêt de la classe ouvrière. Le journaliste le mieux doué peut tout au plus écrire aujourd'hui ce que demain matin ses lecteurs liront et ■peut-être, s'il est habile, ce qu'ils croiront ; l'écrivain socialiste traduit au dehors ce qui est la conviction, la volonté plus ou moins consciente de centaines de mille hommes et femmes. Mais en la formulant au prolétariat, cette volonté, en présentant à sa conscience l'image claire de son monde de sentiments, en lui donnant une expression, la presse ouvrière à son tour agit sur cette volonté, sur ces sentiments. Comme elle ne parle pas en l'absence d'un lien intime à l'on ne sait quel public amorphe, comme elle s'adresse à une masse organisée,, apte et prête à l'action coordonnée et raisonnée, elle est quelque chose d'autre, quelque chose V& plus que l'organe d'une quelconque opinion publique s'élevant rarement à la netteté d'une conscience collective....