Extrait du journal

La première partie du livre se (compose presque exclusivement d'articles parus de 1888 à 1893 dans Ja Dépêche de Toulouse. Elle nous permet de suivre ce que j'ai appelé un jour ici-même « l'initiation socialiste » de Jaurès. Elu Jen 1885, à 26 ans, député du Tarn, [en tête de la liste « d'.Union et ;de Concentration républicaines », Jaurès siège d'abord « géographiquement » au centre gauche. De [Là date S# légende, qui le représente -comme un modéré passé •d'un coup au Socialisme. En fait, il i! ét'ait inscrit à aucun groupe. II a, plus tard, rappelé, sans contestation possible, que dès cette époque, « il manifestait en toute occasion une tendance toujours plus nette au socialisme ». Mais « les légendes créées par l'esprit 'de parti sont indestructibles ». Depuis le mois de janvier 1887, Jaurès collaborait à la Dépêche à raison d'un article par semaine, Tout de suite, il s'était préoccupé ;« des questions politiques, économiques et sociales que la République doit résoudre ». Son socialisme est d'abord incertain, hésitant, contradictoire. Il s'efforce cependant « de relever ce préjugé », très répandu « dans les classes pauvres », selon lequel i« pour que le travail marche, la fortune doit être concentrée en un ir.ertain nombre de mains ». Il se demande parfois « avec tristesse » Si notre génération « verra la justice ». 11 se figure « le peuple immense du travail depuis l'origine de l'histoire comme un continent noyé sous les mers et où |se traînent des millions d'existenjces inconnues. Il dénombre trois classes dans la société : le prolétariat, la classe moyenne et la classe capitaliste ». Il écrit : « Ce qui caractérise la classe capitaliste, c'est ceci : les revenus qu'elle encaisse proviennent beaucoup moins, quel que soit son travail, de ce travail même que de la puissance brute des capitaux dont elle dispose... » Il se réclame de Louis Blanc, de Proudhon, de iPourier. Il affirme que la Révo3ution française « contient le socialisme tout entier »....