Extrait du journal

C'est à Saint-Nazaire qu'il avait posé, trente ans plus tôt, sa première législative. Jeune avocat, i! cherchait sa voie et, avec, des hésitations, curieux de toutes les idées, plus préoccupé de se tailler un rôle à sa mesure que de fixer sa doctrine, c'est vers le sopialisme, qu'en fin de compte, il s'orientait. Mais le socialisme était divisé. Ami de Fernand Pelloutier, Briand comprit tout de suite l'importance du mouvement syndical et sa valeur d'avenir. C'est à Marseille, au congrès des Syndicats et des groupes corporatifs, en 1894, qu'il ébaucha sa théorie de la grève générale. Elle n'était point si révolutionnaire qu'on l'a dit après coup, pour les besoins de nos polémiques. Si, l'on relit le discours de Japy, on s'aperçoit qu'en fait la grève générale (de Briand s'apparente à la. conception réformiste la plus nette et la mieux caractérisée. A Japy, par diversion ou tactique, il l'opposait à l'antiministérialisme de Guesde et de Vaillant. Tout le passage de son discours, tant Ide fois reproduit, où il envisageait de se mettre à la tête des travailleurs «armés de fusils, de piques et de faux », n'était qu'une concession oratoire à 6es adversaires, mais s'il n'écartait point l'hypothèse, on sentait 'bien qu'elle lui semblait à la fois romantique et vaine. La grève générale, tel. le qu'il la concevait, c'était dans le cadre de la légalité qu'il en prévoyait la préparation et le développement....