Extrait du journal

» E ministère Doumergue aura I duré neuf mois, jour pour jour, j, j Mais pendant le temps d'une grossesse normale il n'a enfanté que le néant. En fait de « trêve », il laisse la France aussi troublée, les partis aussi divisés, le fascisme aussi menaçant qu'au lendemain du 6 février. En fait de « redressement » de la politique étrangère, il laisse une Europe aussi confuse et aussi inquiète. la crise économique n'a fait que gagner en étendue et en ■profondeur ; la triste " armée des -chômeurs s'est grossie; l'hiver qui vient est lourd d'angoisse, Par un comble de paradoxe et d'ironie, le budget n'est même pas équilibré ! ! ' M. Doumergue succombe à cette Impuissance au.ant qu'à- la révolte républicaine qu'il a suscitée avec une inexplicable obstination. Samedi dernier, après le Conseil des ministres qui l'avait autorisé à déposer son projet de revision, il était resté maître du terrain. Mais venaient alors, eoup sur coup, deux provocations vraiment insensées qui retournaient soudain la situation : le discours radiodiffusé de samedi soir et le projet des trois douzièmes, duels mobiles l'avaient inspiré, quels conseillers l'avaient dirigé, quel vertige d'orgueil et de toute-puissance l'avait égaré ? Je l'ignore, et je doute que l'histoire ge mette en peine de le rechercher. Kais qui pouvait se méprendre suide telles déclarations de guerre aux libertés publiques ? Il a achevé de se démasquer par son dernier acte, car la note dictée aux journalistes, tandis qu'il quittait l'Elysée, n'est pas seulement un geste de méchanceté ingrate et de haine venimeuse contre le parti qui fut le sien : elle est un appel hypocrite à la guerre civile....