Extrait du journal

SI l'on veut se rendre un compte exact de l'évolution politique depuis un an, il faut se souvenir que la réaction n'a jamais tenu pour définitive, ni même pour durable, la victoire électorale du Front populaire en avril-mai 1936. Les précédents de 1924 et de 1932 n'ont jamais cessé d'être présents à sa mémoire ; ils ont constamment gouverné sa conduite. Dès la première heure elle a escompté et préparé un renversement de majorité analogue à ceux qui s'étaient produits sous les raisons sociales de Poincaré et de Doumergue. Il s'agissait de prendre un peu patience : le premier flot sitôt passé, les premiers feux sitôt éteints, la réaction retrouverait peu à peu l'avantage ; les « classes dirigeantes » recouvreraient peu à peu la direction. C'est par l'action corrosive des troubles financiers qu'on espérait décomposer le Front populaire tout comme, de 1924 à 1926, on avait décomposé le Cartel. Quant au renversement de majorité, ces Messieurs de la réaction n'entendaient pas, comme bien on pense, le solliciter du corps électoral. Le procédé classique pouvait bien servir une fois de plus ; le déplacement du Parti radical èn cours de législature restait la condition nécessaire, mais suffisante....