Extrait du journal

Ce qui m'a toujours frappé le plus vivement, c'est la dépense en pure perte, ou du moins la disproportion entre l'énergie et le travail. La plupart des députés prennent leur rôle gravement ; quelquesuns même avec solennité, et comme une sorte de sacerdoce. Beaucoup y consacrent entièrement leur force, leur vie. La Chambre, en temps normal, donne vraiment l'impression d'une ruche active où chacun apporte tout son temps et s'emploie de tout son coeur. Séances de plus en plus rapprochées et prolongées, colloques ininterrompus des couloirs, commissions réunies sans arrêt, souvent même aux heures des séances publiques — ce qui, soit dit en passant, est une pratique absurde et insoutenable — voilà de quoi occuper, presque surmener le député qui vaque à sa tâche eh conscience, et cette conscience est fréquente... Mais la qualité d'une, machine ne se juge pas au combustible qu'elle brûle ; elle se juge au travail qu'elle produit, et quel est, dans la machine parlementaire, le coefficient de rendement, quel est le travail utile ? Car tout est là....