Extrait du journal

A la veille du 14 juillet sera donné un grand concert par les soins de la société des Fêtes du Peuple, qui continue si fidèlement et si vaillamment l'oeuvre de notre cher et regretté Albert Doyen. J'ai vu que le programme annonce, comme morceàu final, l'exécution de la Marseillaise, orchestrée par Berlioz. Impossible que ne me reviennent pas, en même temps qu'à la mémoire, aux yeux et aux oreilles, la foule assemblée dans le jardin du Luxembourg et l'émouvante sonorité de cette même musique rendue avec éclat et fougue par l'orchestre Colonne, le 14 juillet 1880. C'est que c'était la première fois que l'anniversaire de la prise de la Bastille était célébré comme fête nationale et que les notes de 1' « hymne des Marseillais » prenaient un accent de singulière fierté en rencontrant tout prêt l'enthousiasme républicain chez le peuple de Paris. Certes, Berlioz a su, comme toujours, tirer parti de l'orchestre pour accroître l'effet musical si divers et si rapide. Certaine note de trompette, si mon souvenir est exact, rend poignant le passage où sont les mots : « mugir ces féroces soldats ». Mais, je le répète, la musique et son interprétation avaient une collaboration toute trouvée dans les coeurs soulevés par une nouveauté attendue,...