Extrait du journal
ss 'ESSAIERAIS vainement de dissimuler ma stupeur. Un pacte de non-agression, en soi-même, ce n'est rien. Il y en a un entre l'Allemagne et la Pologne. Il y en a un entre l'Allemagne et la France. Que dis-je, il y en avait un entre l'Allemagne et la Tchécoslovaquie. Le pacte Briand-Kellogg n'était pas autre chose qu'un pacte de non-agression généralisé. Si l'on devait considérer seulement le contenu du pacte que M. von Papen est allé, paraît-il, négocier secrètement et que M. von Ribbentrop doit aller signer d'un jour à l'autre, on n'y attacherait peut-être pas plus d'importance qu'à tous les autres papiers de la même espèce. Mais qu'aujourd'hui, en pleine crise européenne, dans le fracas des mouvements de troupes et des préparations ¡diplomatiques, alors que les missions militaires d'Angleterre et, de France sont à Moscou, alors qu'on attendait d'un jour à l'autre la signature du pacte tripartite, le Reich hitlérien et la Russi* soviétique aient pu conclure entre eux une convention politique, Suivant d'ailleurs à vingt-quatre heures d'intervalle un arrangement commercial, c'est vraiment un événement extraordinaire, presque incroyable, et sous le coup duquel on reste d'ailleurs étourdi. L'étonnement redouble quand on se souvient que l'horreur et la haine du communisme sont les sentiments par lesquels Hitler a prétendu justifier toutes ses entreprises récentes, y compris la destruction de la République espagnole et de la République tchécoslovaque, que l'idéologie anticommuniste est à la base du nazisme, que l'instrument diplomatique qui a permis à l'Allemagne et à l'Italie de rassembler leurs alliés autour d'elles est un pacte, antikomintern. Et c'est maintenant Hitler qui non seulement accepte, mais même, selon toute apparence, propose un rapprochement politique avec les Soviets. De son côté, la Russie soviétique n'a cessé d'exciter partout la propagande antifasciste. Le communisme n'a cessé de dénoncer Hitler comme l'ennemi public de toute justice, de toute liberté, de toute civilisation. Et dans l'instant le plus aigu, le plus périlleux de la crise européenne, c'est du côté d'Hitler que la Russie soviétique semble pencher J- On ne saurait guère pousser plus loin l'audace, le mépris foncier de l'opinion, le défi,à la moralité publique....
À propos
En plein premier conflit mondial nait, sous l’impulsion de Jean Longuet, l’un des journaux les plus emblématiques de la gauche française : Le Populaire. En 1927, Léon Blum prend la tête de la rubrique politique ; dès lors, de grandes personnalités du socialisme français se succèdent parmi les collaborateurs. De 1940 à 1944, le journal continue de paraître, de façon clandestine, dans la zone sud. À la Libération, il jouit d'une popularité exacerbée par le succès politique de la SFIO.
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