Extrait du journal

Le principal délégué américain, M. Gibson, a dit dans son discours : « L'opinion publique est en avance sur nous ; sans doute ne connaît-elle pas toutes les difficultés des problèmes... » N'hésitons pas à le déclarer : ces difficultés que, paraît-il, les peuples ne connaissent pas, résident avant tout dans les gouvernements euxmêmes. Les gouvernements, j'entends surtout les gouvernements des grandes puissances, sont l'élément de résistance, le poids lourd — et, soit dit en passant, on peut sentir ici toute la gravité de la révolution politique qui emporta, l'an passé, le cabinet travailliste d'Angleterre. Ne laissons pas croire que les gouvernements, dans leur science suprême, détiennent de mystérieuses raisons de décider qui échappent à l'ignorante opinion... Non, non ; ils suscitent les difficultés, ou ils les laissent susciter par les bureaucraties intéressées qui les enserrent ; l'exigence populaire les alarme ; l'impatience populaire les irrite. N'ous attendons .en vain l'homme d'Etat qui saura pleinement se libérer, parler enfin de la voix des peuples, traduire leur volonté en actes clairs. Il faut l'avouer : Herriot ne s'est pas encore haussé à ce rôle. Je n'ai pas encore sous les yeux, à l'heure où j'écris, le discours qu'il a dû prononcer à la fin de la séance d'hier. Je souhaite qu'il m'oblige à me rétracter....