Extrait du journal

J'éprouve beaucoup.plus de méfiance vis-à-vis dii régime d'ensemble dans lequel ces mesures particulières devraient s'intégrer. Pour assainir et ordonner l'économie européenne, le plan français suggère- une organisation du crédit d'une part, une organisation de la production, de l'autre. L'intention est excellente ; mais les procédés pratiques qu'on prévoit me semblent ou insuffisants eu dangereux, à moins qu'ils ne soient à la fois l'un et l'autre. La centralisation du crédit agricole, spécialement hypothécaire, a été expressément prévue ; elle a . même reçu à Genève un commencement d'exécution. Mais rien de clair n'est dit dans le plan touchant les extensions ou les consolidations de crédit dont les Etats industriels, comme l'Allemagne, on>t lë plus urgent besoin. C'est aux mains de cartels internationaux constitués par nature de produits que M. François Poncet, fidèle aux théories que nous lui connaissons depuis longtemps, propose de remettre la répartition, le contingentement, la rationalisation de :la production. Mais qui contrôlera, qui gouvernera ces confédérations de producteurs ? Nous ne nous opposons pas au principe d'ententes internationales entre producteurs^, mais nous., n'entendons pas les laisser libres et maîtresses, nous n'acceptons pas qu'elles prennent le pas sur le pouvoir politique ; nous voulons qu'elles développent la solidarité pacifique entre nations et nom qu'elles créent des germes de conflit possible, ce qui adviendrait- fatalement si - nous laissions libre champ à leurs rivalités et à leurs conflits d'intérêts inévitables. D'autre part, l'expérience américaine nous avertit que les coalitions de producteurs les plus savamment rationalisées, sont incapables d'assurer une correspondance continue, régulière entre la capacité générale de production et ]a capacité générale d'achat et de consommation. Cette désharmonie est la cause patente de la crise universelle ; comment le plan de M. François Poncet y pare-t-il ?...