Extrait du journal

Les décrets-lois accablent les rentiers, les petits épargnants, les anciens combattants, lès salariés (publics. Ils font peser sur eux le dur sacrifice que le sentiment de l'iniquité rend plus cruel et plus amer: Or que représentent les porteurs de fonds publics ou d'obligations de chemins de fer, les petits épargnants, les anciens combattants, les fonctionnaires, sinon ces classes moyennes dont l'appoint a toujours et partout déterminé les victoires fascistes, et que, dans notre pays comme ailleurs, le fascisme dispute à la République. Faut-il reprendre l'histoire de l'Italie, ou surtout celle de l'Allemagne ? Faut-il rappeler que le •fascisme mussolinien ou le racisme hitlérien ont recruté leurs troupes de choc dans des éléments de classes moyennes ruinés, prolétarisés, ou même interdits de l'accès au prolétariat par la barrière barbelée du chômage ? N'était-ce pas assez des petits propriétaires paysans exaspérés par l'avilissement de leurs produits et dès pètits commerçants ou artisans affolés par la mévente ? N'était-ce •pas l'imprudence suprême de semer, .parmi les classes moyennes, d'autres germes d'inquiétude, d'irritation, de ressentiment ? , Le cas des salariés-publics vaut d'être considéré à part, car il présente une gravité toute particulière. Depuis plus de soixante ans, les fonctionnaires constituent en France les cadres de là République militante. Ils ont pris part à toutes les batailles républicaines, défensives ou offensives ; aucune n'a pu être gagnée sans leur secours. Aujourd'hui encore il est impossible de concevoir la résistance victorieuse à un coup de force fasciste en dehors de la collaboration active des fonctionnaires publics....