Extrait du journal

On vient de publier la statistique des échanges extérieurs de la France au cours des deux premiers mois de 1939. Nos achats à l’étranger — c’est-à-dire à l’exclusion de nos importations coloniales — se sont élevés à un peu plus de 6 mil liards. Sur ce total, nous avons acheté : 124 millions à la Pologne, 29 millions à la Roumanie, 15 millions à la Yougoslavie. Tels sont les chiffres dérisoires de nos achats dans les trois pays auxquels nous sommes unis par des liens d’amitié étroite, par des accords politiques exprès ou tacites, trois pays chez lesquels nous cherchons à développer notre influence, en croyant qu’il suffit d’y dépêcher des conférenciers et même des académiciens. Le médiocrité, le caractère absolument dérisoire du pourcentage des échan ges de la France avec, par exemple, la Yougoslavie, est bien fait pour décourager le producteur serbe ou croate. Les Yougoslaves, les Roumains, les Polonais nous aiment, c’est entendu, mais on vient de voir qu’il ne suffit pas d’être aimé, pour garder son influence. Un communiqué officieux nous apprend que les négociations commerciales franco-roumaines vont reprendre incessamment. Elles étaient donc interrompues? Pourquoi ? Parce que nous sommes toujours décidés à ne rien acheter, ou si peu de chose, à la Roumanie. Ne nous étonnons pas, écrit notre confrère Emile Roche, dans La République, organe de combat radical et socialiste, que, dans ces condi tions, elle cherche ailleurs ses clients....