Extrait du journal

VI Les sauveteurs C’était lo soir même où la malheureu se Andrée, mourante de faim et réduite au plus affreux désespoir, cherchait dans les flots insondables de la Méditerranée le refuge et la délivrance suprêmes. Sur la plage, déserte tout à l’heure, deux promeneurs attardés s’avançaient en causant avec animation. — Oui, ma cousine, disait un grand jeune homme de vingt-cinq ans envi rons, je partirai de ce point même, et j’atteindrai la Corse. — Ou bien vous vous noierez, répliqua son interlocutrice. — Ma foi, ma chère Jeanne, à la grâce de Dieu. En tout cas, ma mort serait glorieuse et peut-être aussi fort utile aux progrès de la science aérostatique. — Votre mort, non ; votre tentative sans doute. Encore, n’est-ce pas absolu ment prouvé. Je suis à n’en pas douter une profane, en cette difficile question de l’aviation, et surtout de la direction des ballons. Mon ignorance en ces matières ne me permet pas de prendre parti pour le plus lourd ou le plus léger que l’air. Mais, si bien que vous construisiez l’appareil de votre aérostat, si exacts que soient vos calculs scientifiques, je rr’ai pas la moindre confiance en vos projets insensés. — Vous avez tort, tout est possible. En tout cas, moi, j’ai la foi qui sauve....