Extrait du journal

Le discours que M. Molotov fit mercredi, en réponse aux propositions anglaises, demandant à l’U. R. S. S. de prendre position dans le front de la paix contre l'agression, commence à donner ses réactions. M. Molotov a déclaré, et ceci est capital, que ces propositions contenaient la reconnaissance du principe de l’assistance mutuelle entre les trois pays : France, Angleterre et U. R. S. S., « sur la base de la réciprocité en cas d’attaque directe de la part des agresseurs ». Mais il a ajouté que l’U. R. S. S. restait placée dans une situation inégale : « Les propositions prévoient, dit-il, l’assistance de l’U. R. S. S. pour les pays (Pologne, Roumanie, Grèce, Turquie) auxquels les Anglais et les Français ont déjà fait une promesse de garantie, mais elles ne disent absolument rien de l’assistance de l’Angleterre et de la France aux trois pays situes à la frontière du nord-ouest de l’U. R. S. S. (Estonie, Lettonie, Lituanie) et qui peuvent ne pas être en état de défendre leur neutralité en cas d’attaque de la part des agresseurs. L’Union sovié tique ne peut pas assumer d'engagement à l’égard des pays susmentionnés sans obtenir la garantie des trois pays situés à la frontière nord-ouest ». Le raisonnement de M. Molotov tombe mal : voici déjà l’Estonie qui déclare « considérer comme agresseur toute puissance qui voudrait la protéger sans qu’elle le sollicite ». Et la Lituanie déclare que, n’ayant pas de frontière commune avec l’U. R. S. S., les dirigeants soviétiques n*ont pas à s’occuper d’elle... • En attendant mieux, Moscou resserre ses liens économiques distendus avec Berlin......