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Le Progrès de la Côte-d’Or, 7 avril 1909

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Le Progrès de la Côte-d’Or
7 avril 1909


Extrait du journal

mangeait une herbe amère trempée dans du vinaigre, pour rappeler l’a mertume de la servitude ; le dernier jour, on mangeait l’agneau Pascal, de bout, un bâton à la main, comme à l’heure d’un départ. Durant ces sept jours, on n’admettait dans les plus somptueux repas qu’un pain sans le vain, pain d’esclavage, et les prières que l’on récitait avant do manger di saient : « Voici le pain de misère dont nos pères so sont nourris en Egypte ; Venez en manger, il vous fera goûter mieux le prix du pain d’indépen dance... » La légende chrétienne des cloches n’est pas moins curieuse. En signe de deuil, pendant les trois jours* qui sui vent la mort du Christ, c’est-à-dire du vendredi saint au matin de Pâques, les cloches ne doivent point sonner. Alors, les bonnes gens, dans les cam pagnes, racontent que les cloches s’en sont allées « sur les ailes des anges », recevoir à Rome la bénédiction papale ; puis, toute la nuit, légères et graves, clics glissent par dessus villes et villa ges endormis, et viennent d’elles-mômes se replacer dans leurs clochers respectifs, pour sonner, au soleil levant, le gai carillon do Pâques. 11 y a aussi la traditionnelle coutume des œufs do Pâques, que l'on s’offre en cadeau. L’origine de cette tradition est des plus simples ; elle remonte au moyen-âge. L’abstinence de Carême éuait en ce temps bien plus sévère qu’aujourd’hui ; l’usage des œufs, en tre autres, était rigoureusement pros crit. Cependant, comme on n’avait pas interdit aux poules de pondre, les œufs s’accumulaient durant six semaines, et les populations se réjouissaient de la venue de la Pâque pour en faire une hécatombe. En certaines régions, c'é tait une grande réjouissance ; dans toutes les paroisses, villes, bourgs ou humbles villages, on portait à l’église, le samedi saint, une grande quantité d’œufs pour les faire bénir ; puis, après les avoir teintés, soit en rouge avec de la garance, soit en jaune avec une dé coction de pelure d’oignon, soit en vert avec une infusion de lierre, on en fai sait présent à ses amis. Sous Louis XIV, des pyramides d’œufs peints en or étaient portés dans le cabinet du roi, qui les distribuait à ses courtisans. « Vendredi saint arrivé, dit un his torien ancien, les écoliers et les clercs des églises s'assemblent sur la place publique, au bruit des tambours, au son des trompettes, au tintement des clochettes... Ils se rendent en masses compactes à la porte des églises, et là, ils font bénir des œufs teintés en cou leurs diverses, puis ils se répandent par la ville pour en faire don. Et le saint jour de Pâques arrivé,et le Christ ressuscité dans toute sa gloire, on casse ces œufs et l’on en fait une salade que l’on mange en famille avec moult vo lupté ». Mais la coutume ne tarda pas à se modifier ; on commença à dédaigner les œufs de poule pour offrir des œufs fantaisie. Déjà Henri II offrait, en ca deau de Pâques, à sa maîtresse Diane de Poitiers, un superbe collier enfer mé entre deux coquilles de nacre. Comme bien on pense, les courtisans s’empressèrent d’imiter le roi : la mode était lancée. Le luxe des « œufs de Pâques » at teignit parfois une telle frénésie qu’il causa scandale. On cite certain hobe reau qui, sous Louis XIV, fit cadeau à une actrice célèbre, la Dutlié, d’un œuf énorme, en émail, qui contenait un carrosse si beau, si beau... que la reine elle-même en prit ombrage, et fit enfermer le trop généreux galant au Fort-l’Evêquc. Un carrosse dans un œuf, voilà tout de même un cadeau qui n’est pas banal I Heureusement, la mode est venue à des cadeaux plus pratiques... et moins encombrants. Les galants offrent vo lontiers, aujourd’hui, à leur belle, un mignon œuf en nacre, contenant, avec leur carte, un ou plusieurs jolis billets bleus. Œufs en nacre, œufs en or, œufs en sucre, œufs en chocolat, œufs de toutes les dimensions, de tous les prix... Qui n’aura pas son œuf, en cadeau do joyeuses Pâques I C. des Cordeliers....

À propos

Le Progrès de la Côte-d'Or était un journal républicain radical basé à Dijon, fondé en 1869 par l'homme politique Joseph Magnin, conseiller municipal de Dijon puis membre éminent du gouvernement de la Défense nationale et enfin sénateur innamovible. Grand titre de presse régional, il cessera finalement de paraître à la Libération, en 1944 comme la plupart des journaux ayant continué de paraître sous l'Occupation.

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