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Le Progrès de la Côte-d’Or, 7 décembre 1882

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Le Progrès de la Côte-d’Or
7 décembre 1882


Extrait du journal

cidé le renvoi à la commission du contre-projet de M. Humbert rela tivement au serment judiciaire. Vous savez aussi que,dans ce con tre-projet, M. Humbert admet pour, le chef du jury ou pour le témoin la faculté, de prêter serment sui vant une formule à son choix. Je suis, pour ma part, absolu ment opposé à ce système, attendu que je le trouve illogique et qu’il me semble devoir entraîner plus d’embarras que le système actuel. Le serment n’a sa. raison d’être, le serment n’est le serment qu’autant qu’il a le caractère d’un acte religieux. 1 Est-il possible d’imposer un acte religieux à des citoyens dans un pays où existe la liberté de cons cience ? Non. Eh bien ! alors, il n’y a qu’une solution, et elle est fort simple : supprimer le serment. Les cléricaux protestent et ré clament. Ils ont tort, car le ser ment judiciaire viole leur liberté de conscience, tout autant que celle de certains libres-penseurs. Je me souviens que l’an dernier un prêtre fort honorable refusa devant un tribunal de prêter ser ment, parce qu'il estimait, en agissant ainsi, qu'il manquait au commandement du décalogue : Dieu en vain, tu ne jureras. Le président du tribunal ne put pas lui faire entendre raison, et il passa outre. Ramenons donc les faits à leurs exactes proportions. Supprimer le serment devant les tribunaux, ce n’est pas un acte plus scandateux, plus agressif que de supprimer, comme on l'a fait, les anciennes formules religieuses qui étaient inscrites en tête de tous 1* traités internationaux : Au nom de la Très Sainte Tri nité, etc. La Banque de France n’écrit pas sur ses billets cette prescription des Commandements de Dieu : « Tu ne voleras point.. » Elle se borne à rappeler l’article du Code pénal qui punit des travaux forcés à perpé tuité ceux qui ont contrefait ses billets. Au lieu de demander au témoin judiciaire telle-ou telle formule de serment, — qui ne change rien à la droite conscience de l’honnête homme et qui ne change rien non plus à la conscience perverse du coquin, — qu’on lise donc seule ment l'article du Code qui prescrit de sévères pénalités contre le faux témoignage. Cette lecture sera inutile vis-àvis de l’honnête homme ; à l’égard du coquin, elle fera plus d'effet que tous les serments possibles. UN BOURGUIGNON....

À propos

Le Progrès de la Côte-d'Or était un journal républicain radical basé à Dijon, fondé en 1869 par l'homme politique Joseph Magnin, conseiller municipal de Dijon puis membre éminent du gouvernement de la Défense nationale et enfin sénateur innamovible. Grand titre de presse régional, il cessera finalement de paraître à la Libération, en 1944 comme la plupart des journaux ayant continué de paraître sous l'Occupation.

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