Extrait du journal
La mobilisation se poursuit. Sans tumulte. Dans l’ordre. On .sent battre le cœur de notre Peuple. On lit dans les yeux des hommes la foi en ces destins meilleurs qu’ils vont pé trir de leurs mains, de toute leur âme. On devine qu’ils entendent faire mieux que leurs aînés, qui firent déjà de très grandes cho ses : créer un monde nouveau où le Droit soit enfin respecté, et la Liberté autre chose qu’un mot vide de sens. Joyeux ? Non. certes, car ce n’est pas l’aventure. Mais graves, car c’est i.i croisade. Avant-hier, à Dijon, j’ai vu le curé de chez moi, de mon petit patelin, de cette basse-Bourgogne d’où, l’an rnssé, dans ces mêmes jours, je vous disais les merveil leuses aurores et les reposants crépuscules. Un de ses frères, curé d'une très importante paroisse d’une grande ville de Champagne, Nient de revêtir la tunique de capitaine adjudant-major dans un régiment en formation dans notre région. Il va au feu, comme les autres. Il avait fière allure, et décidée, sous sa tunique bleuhorizon, le caporal-chef Michel V.... Il allait « remonter » en ligne. Et. sur ses jeunes traits mâles, point d’ombre, ni d'inquié tude. « L’arrière, nos villages, m’a-t-il confié, a la trempe des meilleurs aciers ; tous ceux qui, déjà, ont rejoint, avaient, d’où qu’ils fus sent, quelle que fût leur croyance ou leur philosophie, la foi qui dé place les montagnes... et la réso lution des soldats d’une cause juste... » Hier, J’ai reçu, à Dijon aussi, l’unique cabareticr de mon vil lage, Hubert M..., à l’enseigne « Café de la Place »... Il n’y a qu'un café ; il n’y a qu’une place. Il « faisait », voilà quatre jours, le téléphone à la cabine locale avec sa femme. Il compte, au pays, parmi les gens... « très à gauche ». Il « y » va, décidé : 11 a un gosse qui marche tout juste, et il ne veut pas que le petit, quand il aura grandi, voie « çà »... Encore un autre, hier matin, d’un patelin voisin : il amène de là. ce matin, à la réquisition, le camion de sa petite entreprise de tuilerie : il a cinq gosses, dont quatre garçons ; une vieille ma man. Son grand-père a * fait » 1870-1871 avec mon défunt père, dans les mobiles. Buzenval, Coulmiers, Patay, et quelques autres mauvais lieux. Il est grave ; il...
À propos
Le Progrès de la Côte-d'Or était un journal républicain radical basé à Dijon, fondé en 1869 par l'homme politique Joseph Magnin, conseiller municipal de Dijon puis membre éminent du gouvernement de la Défense nationale et enfin sénateur innamovible. Grand titre de presse régional, il cessera finalement de paraître à la Libération, en 1944 comme la plupart des journaux ayant continué de paraître sous l'Occupation.
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