Extrait du journal

allait, on venait, on respirait; un mur mure sourd de voix, de pas, de propos, de rires, grondait de tous côtés. Des parents se jetaient au cou des élèves déjà jugés et verts d’émotion. D’autres, dont les enfants avaient encore à con courir, attendaient anxieux, muets, ou encourageaient les leurs à voix basse : — Surtout ne te tiens pas bossue comme Mlle Hardy! Tu n’as rien à craindre, tu seras toujours moins mau vais que M. Servan. L’œil vague, ia lèvre blême, le go sier sec, les malheureux concurrents passaient à travers les groupes, — écoutaient, — n’entendant rien que leur voix intérieure, qui leur récitait la tirade obligatoire qu’ils allaient tout à l’heure débiter. Et, autour du buffet établi dans le vestibule, au bas de l’escalier qui con duit aux loges, on se bousculait pour prendre d’assaut la pâtisserie, arracher un verre d’eau, conquérir un peu de si rop. La foule brutale d’un train se pré cipitant dans une salle à mangerdechemin de ter et se disputant les bols de bouillon et les croûtes de pain, a de ces aspects furieux, de ces doigts avi des et de ces coups de coude égoïstes. Les anciennes du Conservatoire, les élèves d’autrefois devenues actrices,...