Extrait du journal

Aujourd’hui rien n’est encore ter miné. Hier soir, au départ du courrier de Versailles, la combinaison qui con sistait à rappeler les ministres démis sionnaires semblait abandonnée ; on parlait d’un ministère Decazcs. Quelle sera la combinaison d’aujourd'hui? La gravité de la situation ne peut échapper à personne. Nous sommes , arrivés à un état de choses tel qu’on ne peut, sans péril, ni marcher eu avant ni rester stationnaire. Il y au rait beaucoup à dire si nous voulions examiner toutes les causes qui ont j amené ce résultat si regrettable. Nous n’aimons pas les récriminations tardi ves parce que nous savons qu’elles , n’ont pas grande utilité pratique. Ce- | pendant, il nous sera bien permis de dire qu’on n’en serait pas là, si l’on avait su ou voulu voir à temps ce qui j n’était que trop visible. Dès les premiers jours de l’existence du cabinet du 10 mars, il a été évi dent qu’il y avait dans ce cabinet deux influences ‘contraires : l’une eu rap port, l’autre en opposition avec les ! sentiments de la majorité républicaine. H fallait tôt ou tard que l’une de ces , deux influences l’emportât. Il suffisait d’un mot sorti do la bouche du prési dent de la République pour donner au , cabinet l’unité morale qui lui manquait. Ce mot, malheureusement, n’a pas été dit : voilà pourquoi aujourd’hui la pa role est aux événements. Quels seront ils ? Nous l’ignorons. , Est-il encore temps de les dominer et t de les diriger? Nous voulons le croire; mais, dans ce cas, il n’y a pas une mi- ! nute à perdre ; aucune hésitation n est permise. H faut prendre des résolutions promptes, décisives. Déjà, il en a été pris d’un côté. La chambre u’a pas attendu jusqu’au der nier moment pour manifester ses sen timents. Depuis cinq jours son pro gramme est connu ; il est net, il ne prête à aucune ambiguïté, à aucune fausse interprétation. Ce programme pouvait, croyonsnous, éclairer suffisamment M. le pré sident de la République dès le début de la crise, et lui permettre d’y couper...