Extrait du journal

sous lequel la broussaille dorée de ses che veux s’éparpillait, soulevée par un vent ai gre, ce vent pénétrant de Tapproche de la TotissainL Sa figure, qu’aucune brûlure ne marquait, respectée par les flammes, allongée, affinée, indiquait sa morne tristesse. Elle aussi, avait bien changé depuis six mois. Ce n’était plus l'enfant espiègle, à l’œil rieur, à la bouche hardie,la terrible gamine, dont l'audace effrayait la mère, qui voulait tout voir, tout savoir, Joignant une finesse de femme à une naïveté d'enfant. Cette jeune fille au front grave et aux yeux tristes ne lui ressemblait point. Elle marcha assez longtemps à travers l’immense champ funèbre, passant entre les tombes surmontées pour la plupart, daus ce cimetière des pauvres, de modestes croix, garnies d’humbles couronnes, d’une gerbe de chrysanthèmes fanées. Le vent devenait plus froid. Au ciel, les nuages roulaient, noirs ou d’un gris sale, s'échevelant les uns derrière les autres. Alphonsine frissonnait, glacée jusqu’aux os, le cœur si serré que cela l’étouftait. Enfin elle arriva, après bien des hésita tions et des recherches, à un tertre où Ton avait planté, comme sur tant d’autres, une croix noire. Au milieu, eu lettres blauches, ce nom et cette date : Julie Dubul, quarante-sept ans, 46 mai 48.. Deux couronnes, Tune en immortelles, l’autre en perles, se balançaient sur chaque bras de la croix, les seules qui, le jour de...