Extrait du journal

Par moment, il croyait sentir se soulever le voile, mais l’espoir fugitif s’envolait de nouveau, et il essuyait, d’un geste découra gé, les grosses gouttes de sueur qui per laient à ses tempes. Comme le duc, pourtant, il trouvait que les traits de l'enfant présentaient une analogie frappante avec ceux de la duchesse. Vainement, Pierre et Clotilde tentèrent de lui rappeler, une fois de plus, les lamentables événements de Saint-Gratien. — Il me semble comprendre que vous avez souffert par ma faute, répondit l’ancien horticulteur. Il m’est difficile de me repentir d’un acte dont je ne me souviens pas... Mais ce que je peux vous jurer, c’est que je don nerais ma peau pour vous faire plaisir, et que le dévouement que je vous ai voué, je ne demande qu’à le reporter sur celte jeune fille 1 Il fixait les yeux sur Yvonne comme un bon chien de garde dont la vigilance a pu être un moment en défaut, mais dont tous les efforts tendront, à l’avenir, à réparer cet instant de défaillance. Tandis que le vétéran s'éloignait, accom pagné de Clotilde, la jeune fille s’écria en regardant le duc avec des yeux baignés de larmes : •— Ah l monsieur!... H me semble que je suis bien coupable en prenant ici cette place qui ne m’appartient pas ! Chaleureusement, Pierre protesta î — Ne vous adressez aucun reproche... Si quelqu’un avait à s’en faire, ce serait moi.. Mais je vous avoue que je ne m’en sens pas le courage en voyant, grâce à vous, revenu dans cette maison le bonheur qui en sem blait à jamais banni....