Extrait du journal
Do la Gazette de Lausanne ! I A l'hôpital militaire de..., quelques « poi lus » blessés patient de la guerre. Lit 23. — Notre lieutenant, mon vieux, c’est un type épatant, calé, tu sais. Pas un qui peut la lui faire. Et avec ça pas fier. Aussi dans notre tranchée on sè serait tous fait massacrer jusqu’au dernier, rien que pour lui faire plaisir. Lit 29. — Si ton lieutenant était un la pin, qu’est-ce que tu aurais dit du nôtre ? S’il ne s’est pas fait casser la figure avant, pour sûr qu’il sera commandant avant long temps. C’est un de ces types qui sont faits pour devenir généraux. Tous les copains le disaient. On était fier de lui, pas une ùes autres compagnies qui pouvait montrer le pareil. LU 26. — Ça c’est sûr que les bons offi ciers ne manquent pas chez nous. J’en ai vu pas mal qui savaient entraîner les hom mes, mais j’en ai pas vu un seul qui savait se faire obéir et aimer comme notre lieute nant. Dans la tranchée on ne pouvait pas le distinguer de nous autres. Il vivait au mi lieu de nous, mangeait comme nous, faisait le coup de fusil comme nous. C'est seule ment quand venait le coup de chien, quand il fallait qu’on donne l’exemple, qu’on le distinguait tout d’un coup. Toujours le pre mier, se fichant du danger, allant à l’assaut comme à la danSe. Mais je vous fiche mon billet qu’on ne le lâchait pas d’une semelle. Et le jour qu’il est tombé blessé, la jambe brisée, nous en avons tous piqué une rage que les Boches en ont passé un fichu quart d’heure. Et c’est dans leur tranchée que nous l’avons amené et pansé en attendant de pouvoir l’évacuer. Heureusement qu’il est guéri, à ce qu’on m’a dit, et qu'il va re partir pour le front. Mais ce jour que nous l’avons vu étendu la figure toute pâle, tous les copains pleuraient... Lit 27. — Notre lieutenant a la croix. Lit 23. — Eh bien quoi ? Le nôtre l’aura. Il est proposé, et je te réponds qu’il ne l’au ra pas volée. Il Fa méritée plutôt dix fois qu’une... De divers lits. — Le nôtre... Ce nôtre... Le nôtre... Dans une jolie chambre d'un grand hôtel de la Riviera, transformé en maison de con valescence pour officiers, un tout jeune sous-lieutenant, blessé dans l'Argonnc, au jourd'hui guéri et prêt à repartir, parle à un visiteur. Mes soldats, voyez-vous, je ne_puis vous dire à quel point je les admire. Comman der ces gens-là, c'est un plaisir et je vous prie de me croire : il me tarde d’aller les retrouver là-bas, en Argonne. C’est pour tant une ruùe vie que la vie de tranchée dans ce pays de forêts à perte de vue, avec les Boches à quarante mètres, quelquefois moins. Mais nos soldats sont merveilleux d'entrain et; de dévouement. Je pourrais vous citer des cas sans nombre d’héroïsme obscur et désintéressé, de vies sacrifiées sans un murmure, sans une hésitation, à la demande du chef. Nous ne donnons pas /''ordres là-bas. L’officier est l’ami, le frère aîné, celui qui « sait » et en qui on a confiance. Quand il dit : « Il faut faire ceci ou cela : la vie de la section en dépend », on le croit, et quand il demande qui veut y aller, lors même que chacun sait qu’il s’agit de marcher à une mort à peu près certaine, il se présente toujours dix volontaires pour un. Nous ne les trompons jamais, du reste. Quand il y a nécessité d’un sacrifice, nous le leur di sons, et c’est le cœur gros que nous en voyons le sacrifié volontaire à sa destinée. Ils le savent et comprennent. Ils nous ren dent en affection et en dévouement le soin que nous avons d’eux et la sympathie que nous leur témoignons....
À propos
Le Progrès de la Côte-d'Or était un journal républicain radical basé à Dijon, fondé en 1869 par l'homme politique Joseph Magnin, conseiller municipal de Dijon puis membre éminent du gouvernement de la Défense nationale et enfin sénateur innamovible. Grand titre de presse régional, il cessera finalement de paraître à la Libération, en 1944 comme la plupart des journaux ayant continué de paraître sous l'Occupation.
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