Extrait du journal

lugubres, les grévistes injuriaient au pas sage les moindres journalistes qui n’a vaient point pris la précaution de se munir d'un brassard blanc à l'estampille ae la Confédération générale du travail. Tous les autres sont en effet pris par eux pour des policiers et l’objet de mesures non dissimu lées de leur part. Pour indiquer quelle est la situation, comment on peut la résumer, au soir de cette journée, elle est « inquiétante ». Si toutes les usines sont formées, il n’y a point cependant grève, ù proprement dire, puisque la plupart d’entre elles doivent rouvrir ce malin mardi. Mais comment rouvriront-elles alors 7 Avec ou sans l’ap plication du nouveau tarif 7 Plusieurs des patrons no sc sont point cachés ôo laisser entendre qu’ils rouvriraient avec les tarifs anciens. « Nos ouvriers n’ont point tenu leur promesse de respecter nos propriétés, prise lors de la signature do l’accord. Ils ont envahi à nouveau nos usines, ils les ont pillées. Pourquoi nous considérerionsnous liés par un traité qu’ils ne respectent pas 7 » Tel est le langage qu’a tenu l’un d’entro eux. Or, les ouvriers déclarent qu’ils « sau ront bien imposer » l’application des tarifs nouveaux aux patrons. On devine com ment. Ils sont très montés ; dans un état d'esprit d’irritation qui les rond capables de tout ; et, de plus, fréquemment surexci tés par l’alcool, à force de passer leurs journées dans les Soixante-seize estaminets g a Méru ou ceux des autres villages. Il n’est donc point d'un pessimisme exa géré de prévoir la possibilité de nouveaux incidents graves pour la journée d’aujour d'hui, si même il n'en éclate pas avant. *** A onze heures du soir, la situation semble vouloir devenir menaçante pour la nuit. A deux reprises, depuis six heures, le fil téléphonique avait été coupé entre SaintCrépin et Valdampierre ; rétabli, il a été détruit à nouveau ainsi que les 111s reliant Méru et Saint-Crépin ; Méru et Valdam pierre. Pour communiquer, les autorités ont dû organiser un service d'estafettes. Il semble que la tactique des grévistes soit de vouloir isoler cette nuit Saint-Crépin du reste de la région. Il est périlleux le soir de circuler dans la "contrée. A Méru les voituriers refusent de sortir et. les courriers postaux ont été dé commandés. I,e préfet de Beauvais est arrivé à Méru h 10 h. 45 du soir. Il y doit passer la nuit de façon à pouvoir sc porter aussitôt dans les villages où des troubles se produiraient. Des chasseurs à cheval gardent militaire ment les écoles de Méru où le général Ni colas et les commissaires spéciaux logent. Aussitôt arrivé, le préfet a décidé do faire venir des troupes d’infanterie en complé ment des douze escadrons déià arrivés. 400 hommes du 51» do ligne de Beauvais sont appelés dans la nuit pour commencer....