Extrait du journal

par mois, peut-être par pitié ; car, à quoi étais-je bon après la vie que j’avais me née?... La médiocrité n’était rien... La que relle de tous les instants qui m’assaillait à mon retour à la maison était plus cruelle 1 Ce fut l'injure incessante, la plainte sans fin, le désordre en permanence et la bourse toujours vide. Ce supplice dura huit ans I Huit ans de martyre!... Je croyais avoir touché le fond du malheur, le dernier de gré de Rabaissement. Je me trompais... 11 me restait une dernière étape... Mon cou rage était usé, ma santé déjà précaire s’al téra tout à fait. Le remords de ma lâcheté me rongeait. Le jour vint où je tombai tout à coup comme une masure depuis long temps détraquée... Mon protecteur mourut et on me congédia comme un valet hors do service. Un eut raison. Dans celte mêlée de la grande ville, qu'est-ce qu'un infirme ou un vieillard ?... Une non-valeur 1 11 y man que un Monlfaucon pour les misérables t... Cela se passait il y a huit mois... Le terme arriva... Nous fûmes jetés hors d’un loge ment que nous ne pouvions payer... Dans quelques jours, demain peut-être, il en sera de même de ce taudis. Je serai parti aupa ravant... Mais toi, toi, ma fille, où iras-tu et quel avenir t’avons-nous préparé l il plaça ses mains devant ses yeux comme pour en écarter l’alîrcuse réalité. Puis, saisissant le bras d’Angèle, muetle d’émoi ion, troublée par l’accent de vraie tendresse qui allcr.ûl ia voix du moribond : — Nous vivons de ton misérable gain ! Grâce à lui, nous avons du pain et de l’eau... C’est trop encore pour des coupa bles comme nous ! Mais le cœur me saigne à la pensée de la vie que nous t’avons faite....