Extrait du journal

— C’est donc un secret ? — Oui. — Même pour moi ? — Pour tout le monde. Il était très ému. Les yeux bleus de la jeune fille sentiraient vouloir pénétrer au fond de son âme. Elle ne se découragea pas. — Comment, reprit-elle, peut-on avoir de si grands chagrins quand oji est riche comme loi? — Mais... — Quand on n’a jamais fait de mal aux autres? il tressaillit. Elle venait de porter la main sur la plaie de son cœur. Malgré sa naïveté d’enfant, comprit-elle qu’elle touchait à sa blessure? Elle insista de sa voix caressante : — Tu n’as jamais pu faire «juc du bien, loi ! Ne me dis pas non l Je ne le croirais pas!... Tu es si boni Il coupa court à ses questions en donnant à son cocher l’ordre d’arrêter. Ils étaient aux environs du grand lac. lt descendit de voiture et, prenant par la main mademoiselle Suzanne, il fit «pielques pas avec elle au bord de l’eau. L’heure du déjeûner approchait. Les promeneurs devenaient plus rares. Le banquier vint à repasser. Il élait seul. La course l’avait essoufflé sans doute, car il arrivait au pas, pacifiquement-. Mademoiselle Suzanne lui lit des signaux. U s’approcha, très débonnaire, comme tou jours....