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Le Progrès de la Côte-d’Or, 19 septembre 1915

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Le Progrès de la Côte-d’Or
19 septembre 1915


Extrait du journal

instituteurs, à la Chambre, il y a dix ans. Un orateur disait : « Nous avons un devoir à remplir en vers la jeunesse française et envers ses maîtres... « Ce qu’était l'école laïque dans la pen sée de ses fondateurs, vous le savez : profondément patriote, préparant l'en fance aux devoirs civiques et au devoir militaire. Aujourd’hui comme alors, l’im mense majorité de nos instituteurs est animée de cet esprit. Sans doute, ils sont attachés à la paix et leur patriotisme n’est point fait de haine contre l'étran ger ; mais si l'indépendance ou 1 hon neur du pays étaient menacés, soyez sûrs qu’ils seraient les premiers à donner l’exemple. Ils sont pénétrés de l’esprit de la Révolution, à la fois national et humain... « Oui, il faut préparer une humanité plus haute ; mais en attendant, il faut durer avec celle-ci ; il faut montrer aux jeunes Français, avec les perspectives d’avenir, la réalité présente à laquelle ils vont se heurter. Parce que la science, un jour, tuera la guerre, comme elle a tué l’esclavage et le servage, pouvonsnous agir comme si déjà la guerre avait disparu ? « Et par là tombe ce sophisme, l’un des plus redoutables, l’un de ceux qui, de puis quelques années, ont fait le plus de ravages dans certaines ârnes : que, parce qu’on est contre la guerre, il faut être contre l’année. Oui, le premier de nos de voirs est de travailler à la disparition de la guerre ; mais en même temps, nous sommes bien obligés de la prévoir et, par conséquent, de nous y préparer. S’y pré parer, ce n’est pas la vouloir. Croyons au bien : mais ne nous laissons pas sur prendre par le mal. « Le jour où la France serait désarmée, je ne dis pas seulement matériellement, mais moralement, ses enfants vaincus et conquis serviraient dans une autre ar mée, sous d'autres couleurs, comme ser vent aujourd’hui, hélas 1 les Alsaciensr Lorrains... « Quelque ardente que soit notre foi dans la victoire finale de l’équité, nous ne pouvons méconnaître que la justice internationale, à la différence de la jus tice nationale, est encore dépourvue de sanction. Cette sanction, nous devons nous efforcer de la lui assurer ; mais ce sont précisément les litiges pour les quels l’arbitrage serait le plus nécessaire qui lui échappent... « Dans tous les temps, chez tous les peuples, l’élite de l’humanité a lutté con tre la guerre. Toute la philosophie an tique n’a été qu’un long cri de révolte contre ses horreurs... « Combien de peuples, de civilisation douce, de morale fine, d’esprit cultivé, pour avoir négligé le devoir militaire, se sont vus humiliés, insultés, démembrés ! Et que d’autres encore, tout en conser vant les signes extérieurs de l’indépen dance, sont devenus peu à peu, par la conquête économique et financière, les vassaux de l’étranger, les colonies d’au tres peuples et ont perdu les sources mô mes de la vio ! « Certains inspecteurs ont donné des ordres pour faire disparaître de nos éco les toutes les scènes de guerre... 11 est vrai que trop longtemps on a rétréci renseignement de l’Histoire aux faits d'armes et aux événements dynastiques ; il fallait y faire entrer aussi le peuple et les faits d’ordre économique et moral. Mais serait-ce, en un autre sens, un en seignement plus scientifique, que de re présenter seulement comme des scènes de barbarie ces guerres médiques, par exemple, qui ont été le salut de l’esprit humain, ou les campagnes libératrices de la Révolution française ? Ceux qui ont combattu à Platée et à Fleurus ont tout sauvé ; ils sont morts pour l’humanité tout entière, présente et à venir ; ils ont été les ouvriers de l’éternel idéal. « il faut aller à l’éducation, à l’en fance. Il faut rappeler à tous que l’âme d’une démocratie libre, c’est l'obéissance aux lois. La formation de ceux qui élè vent le peuple veut de nobles éveilleurs d’idées, des apôtres. Un peuple ne vit pas de raisonnements subtils ; il rit d’idéal, d’enthousiasme et de foi, et il n’est pas de plus haut idéal que celui de la France, puisque c’est la justice. » Voilà ce que je disais en 1905. Voilà ce que je pourrais redire aujourd'hui. Ah ! si la prévoyance du pays avait égalé son courage, la guerre serait depuis long temps au delà du Rhin ! La France avait oublié Un exemple frappant vous montrera à quel point la France, trop généreuse, ou blie vite. Vous avez lu et vous faites lire, je pense, autour de vous, les rapports de notre commission d’enquête sur les atro cités allemandes. Que de fois, depuis le commencement de la guerre, ai-je enten du répéter : « 1870 n’était rien auprès de 1914 » ! Il est vrai que cette fois-ci les crimes sont plus nombreux, parce que le théâtre de la lutte est plus vaste ; mais ils sont les mêmes. Voyez les annexes à la protestation de M. "de Chaudordy, le 29 novembre 1870. Vols, pillages, viols, assassinats, massacres et mutilations d’otages, ce blessés, de médecins, de vieil lards, de femmes, d’enfants ; bombarde ments de cathédrales (Strasbourg), de musées, de bibliothèques, d’écoles, d’am bulances, d’hôpitaux (le Val-de-Grâce, la Salpêtrière, la Charité, etc., etc.) ; incen dies de villes ouvertes ; vieillards et ma lades enduits de pétrole et brûlés dans leur lit, femmes et enfants brûlés dans les caves ; maires fouettés ; habitants condamnés à mettre eux-mêmes le feu à leurs villes et à leurs villages ; réquisfi lions formidables ; c’était exactement le...

À propos

Le Progrès de la Côte-d'Or était un journal républicain radical basé à Dijon, fondé en 1869 par l'homme politique Joseph Magnin, conseiller municipal de Dijon puis membre éminent du gouvernement de la Défense nationale et enfin sénateur innamovible. Grand titre de presse régional, il cessera finalement de paraître à la Libération, en 1944 comme la plupart des journaux ayant continué de paraître sous l'Occupation.

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