Extrait du journal

En vérité, l’aveuglement de nos hommes d’Etat touche à l’aberra tion. Je ne parle pas ici de ceux-là seuls qui nous gouvernent à l’heure actuelle, mais de l’ensemble des ca binets que nous avons vus à l’œuvre depuis bien des années. S’il est une vérité incontestable, c’est que le plus tenace, le plus constant, le plus habile de nos ennemis héréditaires est moins celui dont le Rhin nous séparait autrefois, que celui qui ha bite au delà du détroit. C’est surtout contre les intrigues incessantes de celui-là que nous aurions dû nous tenir en garde ; c'est contre ses coups de Jarnac qu’il importait de puis longtemps de nous prémunir. Un moyen bien simple nous était offert de conjurer dans une forte mesure, en ce qui nous concerne, les effets nuisibles de son insatiable ambition. C’était de permettre à nos flottes de se porter d’un jour à l’au tre de l’Atlantique dans la Méditer ranée, et vice versa, sans passer sous les canons de Gibraltar. C’était, en un mot, de créer le canal des Peux-Mers. Eh bien 1 pas un de nos hommes d’Etat n’a jamais songé à s'atteler à cette œuvre, d’une importance capi tale pour le pays, au point de vue stratégique surtout. Du jour OÙ la triple alliance a été conclue, il était facile de deviner que les préférences de l’Angleterre lui étaient acquises. Du jour où la Russie s’est unie à la France, le...