Extrait du journal

L'Actualité H SCIENCE NOUVELLE Brillat-Savarin a écrit jadis que la plu part des hommes ne savaient pas manger, et il en a profité pour faire de la gour mandise une science voluptueuse et raffi née. Mais il est probable qu’il ne soupçon nait pas qu’un jour viendrait où un Amé ricain trouverait dans la mastication des jouissances insoupçonnées. Au surplus, ~ ce Yankee, M. Horace Fletcher ne voit là qu’une considération secondaire. Ce qu’il prétend assurer par l’art de bien mâcher, c’est la santé et par suite la prolongation de la vie. Que l’on mastique congrûment et l’on est assuré de vivre jusqu’à cent ans. Bien mâcher, tout est là. Ce qui donne à l’Américain Fletcher cette conviction enracinée, mais c’est son expérience personnelle, mais c’est égale ment les résultats obtenus sur autrui, puisqu’on affirme qu’il a guéri ccnt mille de ses compatriotes grâce à sa méthode. En ce qui le concerne, il était, paraît-il, pourvu d’une assez jolie collection de ma ladies, puisqu’à l’âge de quarante-cinq ans on le considéra comme perdu et que la compagnie d’assurances à laquelle il s'adressa refusa de traiter avec lui. Mais cet entêté voulut montrer qu’il pouvait vi vre. Il en est qui ruminent, il se contenta de mâcher. Il a aujourd’hui soixante ans, se porte comme un charme et compte aller jusqu’à la centaine. Pour cela, il se borne à mastiquer, à mastiquer éperdument. A ce degré-là, ce doit être une fonction, un rite, un sacerdoce. Mais qu’importe, puis qu’il a la santé la bonne humeur et l’in défectible confiance....