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Le Progrès de la Côte-d’Or, 31 août 1908

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Le Progrès de la Côte-d’Or
31 août 1908


Extrait du journal

de lycée, qui a été un étudiant moyen et a passé son baccalauréat dans une quel conque Sorbonne. A seize ans, notre homme a pu faire preuve de quelque savoir, au moins moyen, sur un certain nombre de matiè res inscrites au programme de rensei gnement secondaire. Le diplôme conquis, il entre dans les affaires, il est pris dans l’engrenage d'une spécialité. Plus de lectures des classiques. Le journal quotidien rempla ce le « Manuel » où naguère le candidat heureux puisa ses réponses. Quinze, vingt ans s’écoulent, et même moins d'années suffisent pour tenter l’ex périence. Votre « sujet », posez-lui des questions qui n’embarrassent pas un gamin de sept ans au certificat d’études, vous le verrez dans l’incapacité, neuf fois sur dix, de se tirer d’affaire honnêtement. Lui aussi em brouillera siècles et règnes. Ce précisant d'hier saura à peine épeler les lettres de l’alphabet grec. Ne lui demandez pas de vous expliquer une ligne. Le vocabulaire hellénique est de l’hébreu pour lui. Vous abrégerez Je supplice, par pitié, et vous aurez raison. En revanche, comme il a été au théâtre, voire au café-concert, sûrement aux cour ses, il sait les titres et même les thèmes des pièces à succès- Il connaît son Capus, son Donnay, son Lavedan, son de Fiers, et aussi le répertoire de tels auteurs à fours, dont le nom est renfoncé dans mon écritoire par ma plume, qui ne veut pas être désagréable. Il fredonne les chan sons de feu Paulus. Il vous dit la suite des chevaux qui ont gagné le Grand Prix depuis sa sortie de collège, — s’il ne trouve pas la liste des grands ministres de Louis XIV. Il sait Paris. Il ignore la France dans son passé, dans ses gloires, la France de la Révolution, comme celle de la monarchie. Je sais bien l’excuse que l’on donne à cette demi-ignorance. Entre sceptiques et dillcttantes avertis, on dit, car Von a peur de sc trouver dans le même cas que le patient supposé : « Il est des choses qu’on n’a pas besoin de savoir. Il suffit de les avoir sues ». Amusant et joli para doxe, et très spirituel, certes, mais dont l’application vaut par le savoir primaire comme par les études secondaires. Ces rudes paysans, qui ont délaissé la plume pour l’araire sont peut-être moins coupables que ce citadin qui avait quel ques loisirs, professeurs et bibliothèques à sa disposition. Au vrai, leur cas est le même h des nuances près. Ils ont oublié, — et tous ont appris autre chose. Je ne justifie pas. Je constater Et j'estime que nous avons tous le de voir d’être modestes, très modestes, et do ne pas trop chercher la paille dans l’œil du voisin, qui pourrait bien trouver la poutre dans le nôtre. Edouard Petit....

À propos

Le Progrès de la Côte-d'Or était un journal républicain radical basé à Dijon, fondé en 1869 par l'homme politique Joseph Magnin, conseiller municipal de Dijon puis membre éminent du gouvernement de la Défense nationale et enfin sénateur innamovible. Grand titre de presse régional, il cessera finalement de paraître à la Libération, en 1944 comme la plupart des journaux ayant continué de paraître sous l'Occupation.

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