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Le Progrès de la Côte-d’Or, 31 décembre 1928

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Le Progrès de la Côte-d’Or
31 décembre 1928


Extrait du journal

Voulez-vous faire une expérience facile et instructive ? Posez à vos amis deux questions. La première sera : « Durant ces derniers mois, combien de fois êtesvous allés au théâtre ? Quelles sont les pièces que vous avez vu jouer, quels souvenirs vous ont-elles laissés ? >» Quand vos amis auront satisfait votre curiosité, vous les questionnerez à nou veau pour leur demander : « Durant ces derniers mois, combien de fois êtes-vous allés au cinéma ? Quels sont les lilrns que vous avez vus ? » Comparez les renseignements qui vous auront été fournis et, à paît quelques rares exceptions, vous serez amenés à faire les constatations suivantes : « On se souvient presque toujours des titres des pièces ijue l’on a vu jouer ; on garde aussi le souvenir des acteurs et mémo ou peut raconter le scénario général de la pièce. « On ne se souvient pas toujours du titre des films que l’on est allé Voir, à moins que ces films aient été des films célèbres, et il n’y en a pas plus de deux ou trois par an. On garde le souvenir des vedettes, mais on oublie vite les intrigues des films. Bien pou de person nes pourraient raconter, même briève ment, les scénarios des films vus récem ment. » La déduction de cette expérience que vous pouvez faire, non seulement auprès de vos amis, mais aussi en vous ques tionnant vous-même, nous porte à croire que le théâtre a, sur la moyenne des spectateurs, beaucoup plus d’influence profonde, durable, que le cinéma. Mais ce serait une erreur de croire que le cinéma ne contient pas en lui, grâce à la multiplicité des images destinées à frapper l’imagination, une influence réelle, bien que moins perceptible. Beaucoup de gens qui vont au cinéma régulièrement m’ont avoué que, tout en ne se souvenant pas de la thèse générale d’un film, ils avaient conservé des em preintes visuelles séparées et que sou vent ces empreintes devenaient un genre d’obsession. Une courte scène, quelque fois de simples expressions d’un film célèbre ; voilà tout ce qui demeure d’une séance entière. Cette faculté d'oublier ce que l'on voit au cinéma fait dire que le cinéma est reposant, que, puisqu’il est possible de suivre de multiples péripéties sans fati gue et avec une facilité extrême de compi’éhension, le cinéma est un bienfait qui vient clore heureusement une journée peut-être consacrée à un absorbant tra vail. Certes, c’est ainsi que beaucoup regardent le cinéma actuellement et ils n’ont pas tort. N’est-ce pas ce que beau coup de directeurs ont compris en ajou tant à ces faits précis des commodités...

À propos

Le Progrès de la Côte-d'Or était un journal républicain radical basé à Dijon, fondé en 1869 par l'homme politique Joseph Magnin, conseiller municipal de Dijon puis membre éminent du gouvernement de la Défense nationale et enfin sénateur innamovible. Grand titre de presse régional, il cessera finalement de paraître à la Libération, en 1944 comme la plupart des journaux ayant continué de paraître sous l'Occupation.

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