Extrait du journal

Qu’avait dit ce dernier ? Rien de bien nouveau, ni, en vérité, rien de choquant pour une puissance européenne nommément désignée. Ce diplomate qui parle un peu comme ferait un chapelain a proclamé que le temps est venu de renoncer à la politique destructrice, qu’il est urgent de changer une certaine habitude d’esprit, et l’on ne sait pas exactement vers qui sont dirigés ces traits d’une rhétorique papelarde. On a toutefois la certitude qu’ils ne sont pas destinés à l’Angleterre, puisque M. Houghton a rendu hommage au caractère pacifique de sa politique. Il nous semblait, à nous, que le caractère de la politique française n’était pas différent. Arbitrage, sécurité, désarmement. La formule est de M. Herriot, ce qui revient à dire qu’elle est française. La France a signe le protocole de Genève dont la Grande-Bretagne ne veut pas. En outre,, bien que les satisfactions que nous avons reçues de l’Allemagne soient à peu près négatives, nous n’avons pas écarté la suggestion du plan Dawes relative à l’évacuation de la Rhénanie. C’est là, pour tout bon esprit, la preuve que nous ne sommes pas gouvernés par un détestable impérialisme. M. Hougthon certes est un bon, un très bon esprit. Mais il est américain ; il ne voit qu’une chose : c’est que nous gardons une armée permanente, et c'est là, à ses yeux, non pas une précaution dictée par une nécessité vitale, mais la manifestation d’un penchant irréductible. Et c’est pourquoi il no nous associe pas aux éloges qu’il décerne à l’Angleterre. En somme, c’est à nous que s'adresse la partie la plus amère de son allocution. Aux Anglais, l’ambroisie, aux Français, le vinaigre, sinon le fiel....