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Le Progrès de la Somme, 23 octobre 1925

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Le Progrès de la Somme
23 octobre 1925


Extrait du journal

M. Caillaux connaît trop bien son affaire pour avoir espéré de l’emprunt d autres résultats que ceux qu’il a donnés. Le Bon de la défense est devenu pour les particuliers un souple instrument d’épargne ou de trésorerie. Un petit bourgeois place une partie de ses disponibilités à trois mois, au lieu de faire comme autrefois de vagues opérations d’arbitrage à la Bourse ; un petit commerçant, au lieu de déposer tous ses fonds chez un banquier, en convertit la plus grosse partie en Bons à un mois. Ni l’un ni l’autre ne songeront à acheter des fonds d’Etat avec cet argent dont ils peuvent avoir besoin d’un moment à l’autre. Il faut ne pas perdre de vue, d’ailleurs, que le Bon de la défense est un incomparable moyen de dissimulation fiscale. Exonéré de l’impôt sur le revenu, il l’est encore*de toutes autres taxes généralement quelconques par sa nature même, disons par son anonymat. Une valeur au porteur ne circule pas sans laisser quelque trace ; l’enregistrement, à l’heure des successions, retrouve la plupart de celles qui, plus ou moins longtemps, ont été soustraites à l’impôt par de mauvais contribuables. Le Bon de la défense, lui, échappe à toutes les investigations. L’oncle mourant dit à son neveu préféré : « Petit, j«rends le papier qui est sous mon oreiller. 11 contient des Bons de la défense pour cent mille francs. Ils sont à toi. Emporte-les et n’en parle à personne. Tu n’auras pas de droits à payer. » Ni vu ni connu. Ce qui est vrai des droits successoraux ne l’est pas moins de l’impôt sur le revenu. Grâce aux Bons, le contribuable peut cacher au contrôleur le chiffre réel de sa fortune, toute sa fortune si tel est son bon plaisir. Et qu’on ne m’objecte pas que «e contrôleur peut, à son gré, demander des explications au contribuable qui agit en vue d’une taxation augmentée. Tout dépend du train de maison de l’intéressé. Si sa vie est modeste ; si pouvant, par exemple,- user d’une magnifique 40 HP, il sait se contenter d’un tarot de six chevaux, si, pour le reste, il se comporte ainsi, je délie le contrôleur le plus perspicace de déjouer sa ruse et de lui infliger double droit pour insuffisance de déclaration. Cette considération et beaucoup d’autres, qu’il serait fastidieux d’énumérer, montrent que l’Etat, en créant le Bon de la dé.1 use, a nui à son intérêt personnel dans ine mesure presque égale à celle où il le servait. 11 a mis à la disposition du public un billet de banque portant intérêt. Pour que le publie y renonce, il...
Le Progrès de la Somme (1869-1944)

À propos

Le Progrès de la Somme est un quotidien départemental publié dans la ville d’Amiens et fondé par René Goblet, Frédéric Petit et Jules Lardière en mai 1869. Face à son concurrent Le Journal d’Amiens, catholique et conservateur, il se place comme un organe républicain de gauche, plus grand titre de Somme pendant toute la IIIe République.

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