Extrait du journal

ciel d’azur, où l’on hume avec délices les suaves parfums des orangers en fleurs, loin du bruit des fusillades et du crépitement des mitrailleuses; ou qui encore, à l’instauré du Normand légendaire, savent se mettre à la portée des circonstances, en ménageant et la chèvre et le chou, trouvent moyeu de ne jamais se compromettre, quitte à sacrifier pour cela quelques obscurs citoyens qui pourraient plus tard devenir gênants, et peuvent alors dans l’expectative attendre l’heure propice où ils pourront se poser en sauveurs; ou qui, alors qu’ils croyaient l’ennemi écrasé pour toujours, alors qu’ils croyaient ces idées subversives ensevelies à jamais sous les trente mille cadavres de la semaine sanglante, s’empressaient de voter des remerciements à l’armée victorieuse, ce qui ne les empêchait pas huit ans après de venir, en comédiens couronnés, s’apitoyer sur le sort de leurs victimes, eux, bourreaux ou complices....