Extrait du journal

Il paraît que la nécessité do la concentration n’est point encore pour t )us les républicains une vérité évidente. Un jeune député, M. Millerand, à qui cependant il est arrivé, eu plusieurs circonstances, de donner des preuves certaines de réflexion et de sang-froid i, éprouve, à notre grande surprime le besoin de déclarer que dans la campagne électorale qui va s’ouvrir il « combattra à fond l’opportunisme». Nous entrevoyons bien que derrière cette manifestation orale il y a surtout le désir de faire une sorte d’entrée au nouveau journal dont notre confrère est à la veille de prendre la direction. Mais, affirmer avec cette ardeur concentrée ses désirs de polémiques et de batailles, n'est-ce pas prendre en face de ses futurs lecteurs un engagement imprudent? N’est-ce pas se mettre à priori au-dessus et en dehors de toute discipline, se condamner presque inévitablement à devenir une cause de faiblesse et d’émiettement pour le parti auquel on juge à propos d'apporter le secours de sa plume ? Alors ce sont les « bêtises » de 1885 qui vont recommencer ! récrie ie M. Ranc. Le qualificatif est peut-être sévère, mais ne s'échappe-t-il pas tout naturellement des livres quand on entend M. MH^rand, qui n’est plus un novice, lâcher sans crier aire des pro£ûs de ce calibre. Que M. Millerand ait définitivement un programme et s'y tienne, rien do plus naturel, nous allions dire do plus souhaitable, mais dans cette préoccupation légitime de soutenir sans défaillance telle ou telle idée politique mûrement pesée et réfléchie, y a-t-il une raison suffisante pour faire revivre d’un mot les anciennes haines et les rancunes inassouvies ?...