Extrait du journal

Mais bientôt , le sujet étant épuisé et le besoin de sacrifice que toute âme féminine porte en soi se faisant jour, il fallut se prouver l’une à l’autre l’intensité de sa passion par quelque action... héroïque! Les propositions les plus saugrenues furent sérieusement discutées, entre autres: manger un ci taon entier, pelure et tout, sans sourciller; mais quelqu’une ayant fait observer que cela était un régal que les grandes payaient à la bonne à prix d’or (au moins dix sous!) on s’arrêta à ceci... (Avezvous jamais, soit par hasard, soit par habitude de mâchonner, goûté à une feuille de-lilas? Eh bien, c'est affreusement mauvais ; mais, dam! quand on a neuf ans, que I on est amoureuse. . on ne recule devant rien !)' — Eh bien,' çe fut à celle qui mangerait le plus de feuilles de lilas ' Quçlques-unes trichèrent et crachèrent en route. d'autres allèrent jusqu'à dix. C'était déjà joli! Moi, je les avalais à poignées : che ailles, toiles d’araignées; oh !. je n’y allais pas de mâchoire morte...