Extrait du journal

Le boniment est roi. Ce ne sont que cris et lamais, appels et ritournelles. Les voix métalliques des haut-parleurs dominent les complaintes des petits marchands. Et peu à peu, dans la brume légère qui estompe les têtes de taureaux de la tour de Madagascar, les minarets d’Algérie, les coupoles ouvragées d’Angcor, les hautes murailles rouges de VA. O. F., la foule grossit. Sa houle sombre noie progressivement tous les petits édifices. A trois heures, l’affluence est telle que les palais sont noyés daims la masse humaine. La circulation des petites autos et des cars électriques devient impossible. La garde républicaine à cheval a grand peina à faire .évacuer le parvis d’Angkor-Vat. Des clairons sonnent. Des baïonnettes brillent au-dessus des mille têtes. Le maréchal Lyautey et sa suite se dirigent vers la Tour de Bronze. Un appel bref des trompettes. Et le drapeau qui surmontait le monument de nos gloires coloniales est amené. Le maréchal Lyautey revient vers Angkor. Les spectateurs grouillent sur le grand escalier, sur les tourelles, sur les fenêtres. En vain les gardes, redoutant un accident, veulent faire évacuer. L’avenue de ciment aux têtes de Nagas est bondée à éclater....