Extrait du journal

Sur sa poitrine devenue opulente, Mme Yvette Guilbert porte depuis quelques jours la croix de la Légion d'honneur. Avec beaucoup de précautions pour ne pas la piquer, notre ministre de l’instruction publique a tenu à l’épingler lui-même à son corsage, puis il l'a embrassée. Et nous avons tous applaudi ce geste qui était la réparation d’un long oubli. La République qui a décoré tant de ténors, de barytons, de comédiennes et de comédiens, oubliait celle qui pendant plus de vingt ans dépensa de la finesse et de l’esprit dans les cafés-concerts de la capitale. Ses chansons étaient le plus souvent stupides, mais elle les chantait si bien ! 1...