Extrait du journal

Cette condamnation — qui, bien entendu, n'a rien d'infamant et ne porte aucune atteinte à l'honneur du commandant Barbin —- n'a, d'ailleurs, rien de terrible en soi, la peine qu'elle édicté êtant la plus légère que les juges aient pu appliquer. Il n'en est pas moins vrai qu'on aurait tort de la considérer comme insignifiante, car, dans la marine, les traditions tirent à conséquence, et c'est la première fois, depuis bien longtemps, que la loi maritime, qui ne badine pas* avec la perte des vaisseaux, n'est pas tempérée outre mesure par la clémence des juges. Le jugement très anodin, très bénin, qui frappe M. le commandant Barbin, a le mérite de poser la question de la responsabilité et de rappeler à tous les intéressés l'existence des sanctions toujours si redoutées autrefois. Ce jugement présente un grand intérêt, parce qu'il indique que, maintenant, la camaraderie, dans les états-majors de nos vaisseaux, a des bornes, ce qui ne veut pas dire qu'elle ait disparu. Cela serait trop demander, et, en effet, elle n'a pas disparu, puisque les membres du conseil de guerre ont tous signé un recours en grâce en faveur de M. Barbin....