Extrait du journal

Nous recommandons aux amateurs de plaisirs macabres le spectacle des remaniements apportés chaque jour dans leurs statistiques par nos confrères des partis adverses. L'écart entre la vérité et leurs premiers calculs était si énorme qu'ils ont senti eux-mêmes la vanité dérisoire de cet effort de mensonge. Du charnier où gisaient leurs ,;vi,c,times" qu'ils s'efforçaient de dissimuler, s'exhalait une puanteur rlévéla• itrice qui imprégnait leurs propres articles. Et puis, on a beau dissimuler ses morts, on ne peut pas, quand on a du (Doeur, cacher la douleur que l'on 'éprouve. Voilà pourquoi ces confrères ont gémi tout d'abord la vérité qu'ils ,vüula.iBnt taire. Après quoi, ils se sont mis en devoir de la confesser. Mais ici, nouvel embarras. S'il était impossible de dire plus longtemps le contraire de 'la vérité, ii était imprudent de la dire toute sans tarder, car le contraste eût été trop brutal, l'aveu du mensonge trop accablant. Ils ont adopté alors un moyen terme, qui consiste à s'acheminer graduellement vers la réalité. Chaque jour c'est une statistique nouvelle, plus attristante que celle de la veille et moins affligeante que celle du lendemain. Ils adoptent, pour l'enterrement de leurs cadavres, la méthode dite des petits paquets. Il a suffi au suffrage universel de deux charrettes : célles des 26 avril et 10 mai.Ils préfèrent des chars plus nombreux et moins chargés. Mais quel lamentable spectacle que ce défilé furtif de corbillards attardés !...