Extrait du journal

Nous connaissons un vieux célibataire qui, depuis qu'il jouit de son libre arbitre, fréquente le même café, s'assied à la même table et se retire à la même heure. Sans doute aussi s'en retourne-t-il chez lui par le même trottoir. J'imagine aussi qu'il a toujours habité la même maison. Aucun événement, aucune transformation sociale n'a le pouvoir de déranger cet homme dans ses habitudes ; il demeure immuable à travers toutes les évolutions, et son regard révèle une égalité d'humeur parfaite. L'autre soir, cependant, nous l'avons abordé pour lui dire : « Vous nous semblez inquiet ; que vous est-il donc arrivé ? — C'est, déclarat-il, que je ne vois pas ici, ce soir, les gens qui y sont toujours; il y a trois visages nouveaux, et cela me désoriente un peu, je ne me sens pas très à l'aise....